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« SIGNS », une exposition de Jean-Baptiste Bernadet


  • Galerie Valentin 9 Rue Saint-Gilles 75003 Paris France (carte)

Lava – Jovian downpours

If we bestow properties and perceptions on a world, like gravity in referenced atmospheric, standard conditions such as those on Earth as far as we are concerned, it is possible to fantasize certain maelstroms as soon as our senses are catapulted to a faraway universe where they are sharpened, excited, if not destroyed by the new, intense agitation inevitably triggered by the explorer on the apparent surface of this newly-discovered celestial body. 

From the microscope to the stellar telescope––as narrated by Proust in unfolding his sense of detail in In Search of Lost Time––there is something eminently fascinating in analytically observing these flat standing stones, these circles of glazed lava that Jean-Baptiste Bernadet paints and fires. Untitled (Sign) distributes powerful colored currents in series, polychrome cracks and turbulences, raw, as far as his moves with matter uncover on the underside some traces of a foundational sign, a titanic event, a past refracted fireclay, a primal lava or a hard clay. 

In essence, outcropping the stone, the improbably liquid matter and its hue are fully expressed, forming a collection of space pucks like so many frozen instants of an astral geology, inert fluxes once they have been fired, like cooled down magma: an archipelago of excesses. The glazing on the surface describes its self-portrait, the whole metamorphosis of a subject into another, similar to the image of these playful figures, all the Jovian, ancient divinities with their impetuous and nimble personalities. 

A round, solid picture. Glazed as well as painted, Jean-Baptiste Bernadet’s work, made of pictorial and ceramic vibrations, delivers a whole deafening imagination where composition gets dislocated as a boon for a nascent swarm of clouds. A morphing form drawn inside thick layers and transparencies, rather than with a line. A flat world? An easel stone, vertical, superstitious, whose edge delineates a boundary paradoxically attached to a fatal spill, as if hanging from an intangible mechanism. A levitating colored fragment from a meteorite, a reflection onto itself, such as those unearthed by recent medical imaging revealing black holes through a digital re-composition of their indescribable, invisible nature.

The intense décor of a point of origin, as in “In the beginning was,” the evolving overflows of the applied paste thwart a policed beauty, opening a pictorial space in motion, a summation of oxymora orchestrating a variation of precipitates into a rondo.

Untitled (Sign), made of oracles and clouds as dense as they are malleable, a foretelling rain, beautiful because of its pictorial revelations and its gray puddles where the polychromic spectrum unfolds, the necessary opacity of a dry volcanic oculus without which color, up front, would burrow its omen.

Mathieu Buard, Paris, octobre 2019
Translated by Noëllie Roussel

Lava - Averses jupitériennes.

Si l’on confère des propriétés et des perceptions à un monde, telle que la gravité dans les conditions atmosphériques référencées, standards, en cela terriennes pour ce qui nous concerne, l’on peut fantasmer certains maelströms sitôt nos sens catapultés dans un univers lointain, où,  aiguisés, excités sinon détruits par l’agitation intense et nouvelle qui entrainerait irrésistiblement l’explorateur à l’épreuve de la surface apparente de cet astre découvert.  

Du microscope à la lunette stellaire, comme le narre Proust lorsqu’il déplie le sens du détail dans La Recherche, il y a quelque chose d’éminemment fascinant à l’observation analytique de ces pierres plates levées, disques de laves émaillés que peint et cuit Jean Baptiste Bernadet. Untitled (Sign) distribue, par série, de puissants courants colorés, turbulences et craquelures polychromes, à vif, autant que ses mouvements de matières découvrent, sur le dessous, les traces d’un signe fondateur, d’un événement titanesque, d’une terre réfractée antérieure. Lave première ou terre dure.  

En substance, à fleur de pierre, la matière invraisemblablement liquide et son coloris s’expriment pleinement, formant une collection de palets spatiaux, instants fixés d’une géologie astrale, flux inertes après cuisson, tel le magma refroidi : un archipel d’intempérances. La glaçure en surface décrit son autoportrait, métamorphose entière d’un sujet en un autre, à l’image des figures joueuses, aux caractères agiles et impétueux, des divinités secondes antiques, toutes jupitériennes.

Tableau rond et solide. Emaillé comme peint, le travail de Jean Baptiste Bernadet, de vibrations picturales et céramiques, délivre un imaginaire plein et assourdissant, où la composition se disloque au profit d’une nuée naissante. Morphe qui se dessine dans les épaisseurs et les transparences et non d’un trait. Un monde plat ? Une pierre de chevalet, verticale et superstitieuse dont le bord dessine une limite paradoxalement suspendue à l’écoulement fatal, comme tenu par une mécanique intangible. Un fragment de météore coloré qui lévite, reflet en soi, ailleurs complet, telle que l’imagerie scientifique récente met au jour, et révèle, les trous noirs par une recomposition numérique de leur nature invisible, indicible.

Décor intense d'un au commencement était, les débordements évolutifs de la pâte appliquée déjouent le beau policé et ouvre un espace pictural en mouvement, une somme d’oxymores qui orchestre une variation de précipités en rondeau. 

Untitled (Sign), d’oracles et de nuages donc, aussi denses que plastiques ; une pluie énonciatrice, belle de ses révélations picturales et de ses flaques grises où le spectre polychrome se déploie, opacité nécessaire d’un soupirail volcanique sec sans quoi la couleur, au devant, terrait son augure. 

Mathieu Buard, Paris, octobre 2019


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