Robin Goldring is undoubtedly a painter of our time who enjoys creating images and leaving his mark on the contemporary pictorial world. His works are both seemingly realistic and slightly bizarre and surreal. They are not devoid of a certain humor and amusement. They are known to be related to Dadaism. This time, they are frozen theatrical scenes, group situations, featuring naked or clothed bodies, as well as several portraits. R. Goldring's work belongs to the tradition of figuration, which, although never completely absent from contemporary painting, is not unaware of pictorial disfiguration and the deconstruction of artistic clichés and the absurdities of perception. As an heir to the crisis of representation, R. Goldring is also an actor in this fiction of neorealism, as evidenced in France by artists such as François Bard and Guillaume Bresson. However, their goal is not to represent reality in a naively imitative way or to simulate photographs. Their naturalism is very paradoxical. It stems from a staging of both the content and the representation, under the guise of pictorial or photographic realism. It is a collage of painting onto reality, or vice versa. For them, the realistic staging of painting is as much an issue as what they represent: the apparent motifs of their images, such as characters, lived scenes, bodies, objects, faces, and events.
Thus, although they may be considered realistic or reality painters, they are not. They are painters who stage realism in painting as a painter's game. They operate through a composite collage of painting onto itself, superimposed on the reality of the represented motifs and scenes. They incidentally blend and mix Velázquez, Ribera, Le Nain, Caravaggio, with Hopper, Hockney, Pistoletto, Hamilton, Monory, and Richter. Their secret lies in the montage through collage and superposition of styles, eras, and elements, in the manner of a Schwitters in a world made of proliferating technical images. One could thus invoke a sort of neo-naturalism that is not realism but rather somewhat hyperrealistic and post-photographic. It is a true illusion of painting the reality of reality in painting, presented as a painted illusion. It is also a media focus on exaggerated and magnified images of the world.
In R. Goldring's paintings, a geometry of gestures and feelings, postures, psychological states, acts, and identifiable facial figures unfolds. Very real and sometimes allegorical people and persons are present in these paintings. It is as if R. Goldring's paintings also tell us stories of encounters that are not entirely anonymous. Each of them, in this sense, is a lived scene, a situation, as the philosopher would say. Several of them captivate us. Both anecdotal and surprising, these scenes are part of everyday life and evoke a stunning sense of strangeness. They are not named. Let us name them. Card game. Hooded silhouettes huddled together. Telephone assembly. Secret conclave. Couple reading. Bathing women seated at a table. Nude couple in the studio. Drinkers gathered. Farandole. Revelation on a smartphone. The bodies here are frozen. The absent movements are nonetheless present, like the past history of these bodies and characters before they were painted. However, some of these paintings are portraits. The seated carpenter. The wild young girl. Friends gathered. And then there are always these statuesque bodies, slightly monumental, posed in an improbable manner, exhibiting prominent limbs, backs, and buttocks. It is a tortured and twisted classicism bordering on obscenity through the exhibition of flesh in its massiveness. Like this faceless female body thrown on a table.
In these paintings, what is important, despite everything, is that the social scene, the personalities, the reality of living bodies and today's events, now have their place to be depicted again. This restores to painting those ancient scenes of manners that once made it successful. However, it is always the secret scene of colors and the play of shadows and light that expresses itself, as well as the vibrations and dark glimmers of the art of the classical age, the play of revealed and covered bodies. This is the case with R. Goldring in his consummate use of transparency and opacity, figuration, and immobility.
Paris, March 11, 2025
Emmanuel Brassat
Robin Goldring est incontestablement un peintre de notre actualité qui aime à fabriquer des images, à investir le monde pictural contemporain de son empreinte. Elles sont à la fois apparemment réalistes et tout autant légèrement bizarres et surréelles. Un certain humour et drôlerie n’en sont pas absents. On les sait apparentés au dadaïsme. Il s’agit cette fois de scènes théâtrales figées, de situations de groupe, faites de corps nus ou habillés, mais aussi de plusieurs portraits. Le travail de R. Goldring appartient à cette tradition de la figuration qui sans avoir jamais vraiment disparu de la peinture contemporaine, n’est pas non plus ignorante de la défiguration picturale et de la déconstruction des poncifs de l’art, des ridicules du regard. Héritier de la crise de la représentation, R. Goldring est tout de même lui aussi un acteur de cette fiction de néoréalisme dont attestent en France des artistes comme François Bard et Guillaume Bresson. Pour autant, il ne s’agit pas pour eux de représenter de nouveau la réalité de façon naïvement imitative, ni de simuler des photographies. Leur naturalisme est chez eux très paradoxal. Il procède d’une mise en scène à la fois du contenu, du représenté, mais aussi de sa représentation sous les traits d’un réalisme pictural ou photographique. D’un collage de la peinture sur la réalité, ou l’inverse. La mise en scène réalistique de la peinture est pour eux de la sorte tout autant un enjeu que ce qu’ils représentent, les motifs apparents de leurs images : personnages, scènes vécues, corps, objets, visages, événements.
De sorte que si on pourra les prendre pour des peintres réalistes ou de la réalité, ils ne le sont pas. Ils sont des peintres qui mettent en scène en peinture le réalisme pictural comme un jeu de peintre. Ils opèrent par un collage composite de la peinture sur elle-même qui se superpose au réel des motifs et scènes représentés. Ils confondent et mélangent incidemment Velasquez, Ribera, Le Nain, Le Caravage, avec Hopper, Hockney, Pistoletto, Hamilton, Monory, Richter. Leur secret est le montage par collage et superposition des styles, des époques, des éléments, à la façon d’un Schwitters dans un monde fait d’images techniques proliférantes. On pourra ainsi invoquer une sorte de néo-naturalisme qui n’est pas un réalisme, mais plutôt quelque peu hyperréaliste et post-photographique. Une véritable illusion de peinture du réel de la réalité en peinture qui se donne comme une illusion peinte. Une focalisation médiatique aussi sur des images du monde, exagérées et grossies.
Dans les tableaux de R. Goldring, une géométrie des gestes et des sentiments, des postures, des états psychiques, des actes, des figures de visages identifiables, se déploie. Des gens, des personnes très réelles et tout autant parfois allégoriques sont ainsi présentes dans ces peintures. Comme si les tableaux de R. Goldring nous racontaient aussi des rencontres, pas tout à fait anonymisées. Chacun d’entre eux en ce sens est une scène vécue, une situation dirait le philosophe. Plusieurs d’entre elles viennent nous captiver. A la fois anecdotiques et surprenantes, ces scènes relèvent du quotidien et d’une impression d’étrangeté stupéfiante. Elles ne sont pas nommées. Faisons-le. Partie de cartes. Silhouettes capuchonnées agglomérées. Assemblée téléphonique. Conciliabule en secret. Couple lisant. Baigneuses attablées. Couple dénudé à l’atelier. Buveurs réunis. Farandole. Révélation au smartphone. Les corps sont ici figés. Les mouvements absents sont pourtant présents comme l’histoire passée de ces corps et personnages, avant que d’être peints. Pour autant, certains de ces tableaux sont des portraits. La menuisière assise. La jeune fille fauve. Les amis rassemblés. Et puis il y a toujours ces corps statuaires, légèrement monumentaux, posturés de façon invraisemblable, exhibant membres, dos et fessiers proéminents. Il s’agit d’un classicisme torturé et torsadé en bordure d’obscénité par l’exhibition des chairs en leur massivité. A l’instar de ce corps féminin jeté sur une table et sans visage.
Dans ces tableaux, ce qui est important, malgré tout, c’est que la scène sociale, les personnalités, la réalité des corps vivants et des événements d’aujourd’hui, y ont désormais de nouveau leur place figurable. Cela restitue à la peinture ces anciennes scènes de mœurs qui firent son succès autrefois. Pour autant, c’est toujours la scène secrète des couleurs et des jeux d’ombre et de lumière qui s’exprime, celle aussi des vibrations et des lueurs sombres de l’art de l’âge classique, du jeu des corps dévoilés et recouverts. Chez R. Goldring, c’est le cas dans son usage consommé de la transparence et de l’opacité, de la figuration et de l’immobilité.