Retour à tous les événements

Et pourquoi pas…, une exposition de Camille Cottier, Jean-Baptiste Durand & Patrick Glo de Besses


  • Galerie Valentin 9 Rue Saint-Gilles 75003 Paris France (carte)

« Et pourquoi pas... » est une exposition collective qui ne cherche pas à rassembler des œuvres autour d’un thème ou d’un propos spécifique. Au contraire, elle offre une tribune à trois personnalités artistiques distinctes, dont la confrontation – le fait d’exposer ensemble – va créer un univers et une ambiance uniques. Le titre, qui reflète une question que je me pose à chaque projet, prend ici tout son sens. C’est la pensée qui m’a traversé l’esprit lorsque j’ai décidé d’aller jusqu’au bout de mon idée : « Et pourquoi pas... » présenter ces trois artistes – Camille Cottier, Jean-Baptiste Durand, et Patrick de Glo de Besses – au sein d’un même projet.

Première étape de réflexion : la confrontation de deux designers, que tout oppose, l’un minimaliste, l’autre plus techno, inspiré par les sports mécaniques. Cette idée, à première vue presque absurde, tant elle est binaire, me tenait pourtant à cœur. Elle incarne l’opportunité d’affirmer ma vision de l’art : un art qui prend en compte la diversité des pratiques et ne s’enferme pas dans un dogmatisme, au service d’un non-goût ou d’une étroitesse d’esprit.

Deuxième étape : trouver l'artiste qui, par son écriture plastique, pourrait enrichir cette exposition d'une dimension sensible. Il m’a semblé essentiel d'introduire une présence humaine au sein de cette confrontation d’œuvres.

Les peintures de Camille Cottier, avec leurs personnages aux couleurs douces et chaleureuses, insufflent une véritable humanité aux objets design. Ces œuvres ne se contentent pas d’embellir l’espace, elles redonnent vie aux objets, les ancrent dans le quotidien et réaffirment leur utilité. Ainsi, des fauteuils, des tables ou des luminaires, qui pourraient être considérés comme de simples éléments décoratifs, retrouvent leur caractère fonctionnel au cœur de l’exposition.

Dans un espace de galerie, un objet design perd souvent son lien avec la réalité fonctionnelle pour être transformé en sculpture. En intégrant les peintures de Camille, l’objectif est de rétablir ce lien, de « faire revivre » ces objets et de leur redonner une dimension vivante. Selon moi, le design ne doit jamais se réduire à un simple objet figé dans une fonction passive. Il doit être au service de l’humain, une présence active et utile, bien loin de l’immobilité d’une plante verte oubliée dans un coin.

Philippe Valentin

————

Comment parler de travaux aussi différents tout en trouvant quelques ponts communs ? Une ville, une école, Saint-Étienne, et une galerie parisienne, la Galerie Philippe Valentin. Peut-être faut-il commencer par la galerie : art, design, peinture, installations, films, vidéos, figuratif, abstrait, mobilier vintage... Ces deux designers, Patrick de Glo de Besses et Jean-Baptiste Durand, ne pouvaient sans doute que se retrouver dans ce lieu.

Le musicologue Philippe Beaussant définit le baroque comme « un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles ». Nous y sommes.

Le travail de Patrick est en quelque sorte lié à la disparition : une silhouette fugitive, ses chaises vues de profil, où le dessin devient minimal, ne laissant entrevoir rien de ce qu’est l’objet. Mais de face, de dos, une masse très construite, organisée, où la matière – le bois – envahit l’espace de sa présence. Je pense à Jean-Michel Frank.

Pour Jean-Baptiste, toutes les définitions du baroque semblent s’appliquer : exagération, contraste, détail, accumulation. Mais là où le baroque architectural fait appel au savoir-faire artisanal, ici, c’est l’industrie qui nous saisit, tel un tsunami charriant des déchets technologiques, des objets mémoire d’un passé industriel qui aurait disparu.

Il est aussi complexe de définir la forme de ces évocations de mobilier : on tourne autour, et l’objet est sans cesse différent. On pourrait dire que nos deux designers jouent avec nos souvenirs – une silhouette archétypale de chaise chez Patrick de Glo de Besses, un fatras de déchets technologiques dans une remise au fond du jardin pour Jean-Baptiste Durand. Mais je préfère penser que leurs objets sont d'une séduction extrême, séduisants au point de nous faire oublier leur fonction première : s'asseoir, s’éclairer, contenir...

Eric Jourdan

“And Why Not…” is a group exhibition that does not aim to gather works around a specific theme or concept. On the contrary, it offers a platform to three distinct artistic personalities, whose confrontation—the act of exhibiting together—will create a unique universe and atmosphere. The title, which reflects a question I ask myself with every project, takes on its full meaning here. It is the thought that crossed my mind when I decided to follow through with my idea: “And why not…” present these three artists—Camille Cottier, Jean-Baptiste Durand, and Patrick de Glo de Besses—in the same project.

First step in the process: the confrontation of two designers, completely opposed to each other—one minimalist, the other more techno, inspired by motorsports. At first glance, this idea seemed almost absurd due to its binary nature, but it was close to my heart. It embodies the opportunity to assert my vision of art: one that embraces the diversity of practices and does not confine itself to dogmatism, narrow-mindedness, or a lack of taste.

Second step: finding an artist who, through their visual language, could enrich this exhibition with a sensitive dimension. It seemed essential to me to introduce a human presence into this confrontation of works.

Camille Cottier’s paintings, with their characters rendered in soft, warm tones, bring a genuine humanity to the design objects. These works do not merely enhance the space; they breathe new life into the objects, anchor them in daily life, and reaffirm their utility. Chairs, tables, or lamps, which could otherwise be considered mere decorative elements, regain their functional essence at the heart of the exhibition.

In a gallery space, a design object often loses its connection to functional reality and is transformed into a sculpture. By integrating Camille’s paintings, the goal is to reestablish this connection, to “bring these objects back to life” and restore their vitality. To me, design should never be reduced to a static object serving a passive purpose. It must serve humanity, acting as an active and useful presence, far removed from the stillness of a forgotten houseplant in a corner.

Philippe Valentin

———

How can we talk about such different works while finding some common ground? A city, a school, Saint-Étienne, and a Parisian gallery, the Galerie Philippe Valentin. Perhaps we should start with the gallery: art, design, painting, installations, films, videos, figurative, abstract, vintage furniture… These two designers, Patrick de Glo de Besses and Jean-Baptiste Durand, could certainly only meet in this place.

The musicologist Philippe Beaussant defines the baroque as “a world where all opposites would be harmoniously possible.” We are there.

Patrick’s work is somehow linked to disappearance: a fleeting silhouette, his chairs seen from the side, where the design becomes minimal, revealing nothing of what the object is. But from the front, from the back, a very constructed, organized mass, where the material – wood – invades the space with its presence. I think of Jean-Michel Frank.

For Jean-Baptiste, all the definitions of baroque seem to apply: exaggeration, contrast, detail, accumulation. But where architectural baroque appeals to craftsmanship, here it is industry that seizes us, like a tsunami sweeping away technological waste, objects that are memories of an industrial past that has vanished.

It is also complex to define the form of these evocations of furniture: we circle around it, and the object is constantly changing. One could say that our two designers play with our memories – an archetypal silhouette of a chair with Patrick de Glo de Besses, a jumble of technological waste in a shed at the back of the garden with Jean-Baptiste Durand. But I prefer to think that their objects are of an extreme seduction, so seductive that they make us forget their primary function: to sit, to light, to contain…

Eric Jourdan

Précédent
Précédent
7 septembre

Christian Fert